"L'un des symptômes d'une proche dépression nerveuse est de croire que le travail que l'on fait est terriblement important." vu sur Facebook.
Une citation d'auteur inconnu m'a donné à réfléchir: accorderais je, en prédisposant la vie d'un blog à mon existence professionnelle, une importance orgueilleuse à mon activité, ma pratique et serait-ce un palliatif réconfortant, meilleur que les anti-dépresseurs, pour lutter contre l'impuissance et l'absence d'influence que j'ai somme toute, comme tout à chacun, sur celle des autres?
Ma première pensée: c'est quoi les autres symptômes? Je me suis regardée dans mon miroir: j'ai vieillie, des rides d'expression que je ne me connaissais sont apparues, mon regard et ma peau sont ternes, mes cheveux sont mous.
Serais-je ne train d'y laisser ma santé? C'est ça la dépression ou un peu d'Oenobiol fortifiant et ca repart?
Ma deuxième pensée: un blog n'est pas davantage exhibitionniste et nombriliste que de se regarder et s'écouter en permanence. Si je pêche par excès de franchise, c'est pour mieux me les regarder en face mon impuissance et mes contradictions. Ce n'est pas un hommage à moi-même, ni aux autres femmes mais la parole que l'on peut s'accorder à soi et à celles des autres deviendrait elle tabou soudainement?
Ma troisième pensée: est ce que je travaille trop ou le plaisir que je peux ressentir est il une faute de goût? Devrais-je me contenter des potins de bureaux, des mesquineries féminines qui habitent le monde du social: devrais-je y trouver un contentement superficiel, un sentiment de satisfaction chimique, donnant une saveur artificielle que la journée a été bien remplie? Est il légitime de se laisser croire que parce que je travaille avec et pour des inconnues, cela relèverait d'une importance supèrieure que le télémarketeur ou l'assistante de je-ne-sais quoi qui ambitionnent le chiffre, la rentablilité ou la promotion d'une entreprise participant ainsi au bien-être des collègues par un salaire assuré à la fin du mois?
Est ce différent, après tout? Pourquoi une assistante sociale, parmi d'autres, s'autoriserait le droit de croire ou de penser que son quotidien est plus palpitant que la moyenne?
Ma quatrième pensée a semblé trouver quelques éléments de réponse: peut-être parce que l'on ne peut pas faire ce travail si l'on n'accorde pas de l'importance aux gens que l'on rencontre: leurs paroles, leurs regards, leurs silences et leurs larmes sont autant d'enseignement sur qui je suis et sur la condition humaine, autant que dans les Zola et mon cynisme.
Peut-être parce que assistante sociale, éboueur, secrétaire, postier, cinéaste ou journaliste, nul n'a pas plus d'importance que l'autre car perdus nous le sommes tous, qu'importe le succès et l'argent, si ce n'est se donner l'illusion que l'on est un peu plus ou un peu moins estimable que son voisin et rendre sa vie plus frivole.
Peut-être qu'accorder de l'importance à son métier n'est tout simplement plus d'actualité, sur la même litanie que plus personne n'a d'importance, si ce n'est l'image glorifiante que l'on recherche dans ce regard que l'on croise.
Alors oui, j'accorde à mon travail une importance toute particulière et terrible à la fois, comme j'accorde de l'importance à tant d'autres choses parce que, comme tout à chacun, je suis importante. Sinon, pourquoi vivre? Mais cela a t on le droit de le dire aussi?
Alors vu sur Facebook cette semaine....