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3 janvier 2011 1 03 /01 /janvier /2011 23:04

En ce début morose où les voeux se souhaitent par sms ou sur le bout des lèvres, SuperAs a fait comme chacun son entrée dans l'année 2011 et remarque qu'il est loin derrrière le temps où la bonne année se souhaitait chez le boulanger ou le coordonnier avec le grand sourire de circonstances....

 

Avec cette vague impression collective que l'année ne sera pas bonne, pouvons nous nous la souhaiter quand même? Devons nous rendre un caractère obligatoire à cette forme de convenance sociale? Et aux usagers est-il de bon ton de leur en souhaiter une ou plutôt "une meilleure année que la précédente" quand on regarde objectivement d'où ils viennent et ce que leur réservent les dispositifs...?

 

Ah la nouvelle année c'est compliquée: on la voudrait meilleure que la précédente, on y croit quelques jours mais la réalité, toujours aussi pregnante, fait son chemin et nous aspire de nouveau dans les vieux préceptes de celle qui vient de s'achever. 

 

SuperAs connait les vacances mais pour cette fin d'année, a activé le mode veille, seulement. SuperAs a oeuvré au réveillon du 31  décembre, s'infiltrant dans une soirée de réveillon où pour une fois, il était de bon ton et aisé d'être de la profession (Cf "SuperAs by night").

 

Invitée par une estimable collègue, accompagnée par ma moitié de vie surnommé  "méchant capitaliste", pour la circonstance, c'est une ambiance bon enfant, joyeuse et délurée: éducateurs, éducateurs, éducateurs et quelques autres gentiment rebaptisés "reste du monde"(entendre tout individu étranger au doux monde du travail social). 

 

Une soirée destinée à ceux qui en ont marre des paillettes et du bruit du 31...mais une soirée où j'en ai entendu davantage sur la profession que dans les soirées du "reste du monde"

 

-Quand un éduc' me demande où j'ai mis mon serre-tête d'AS et mon col Claudine....Je me sens comme une antillaise à qui on demanderait quel est son pays d'origine et si elle parle wolof. Je pourrais lui renvoyer  en retour s'il a laissé son perfecto avec ses badges "make love, no war" , ses cheveux crassseux jamais peignés et ses roulés dans la chambre d'amis. Je suis restée muette.

 

-Quand un éduc' (un autre) me dit qu'il a une vision politisée de sa profession, je cherche mes mots pour étayer ma vision humaniste, non politique (au fait, ca veut dire quoi?!) et là, suspension de séance...échange écourté, pas de reprise à posteriori.

 

-Quand  un chef de service reconnait dans des effluves d'alcool tenaces, que  "Dans le social, faut coucher pour bien gagner", je comprends mieux mes aigreurs d'estomac à la fin du mois quand je consulte mon compte bancaire et surtout, je me rappelle ce que je n'avais pas oublié ou seulement occulté: Baiser n'est jamais gratuit, pute ou travailleur social; l'intérêt de l'usager n'est jamais très loin.

 Et je rémémore les copinages, les soirées d'institutions et leurs Backrooms, les embauches ou les licenciements pour raisons douteuses mais à caractère privé et j'ai envie de lui répliquer: " Entre homo ou hétéro, tu crois qu'on a les mêmes chances?"

 

-Quand ce même chef de service demande à ma juste moitié  quelle est sa profession, que ce dernier répond "le capital", nous avons droit à l'ultime question:

"Ah et vous vous êtes mariés? Mais qu'est ce que vous avez en commun?"

Ma réponse fuse: "le sexe, le sexe, tout se joue au pieu non?"

Sa réponse: "Avec l'argent, en plus. Le sexe et l'argent, c'est ca qui te plait, dis-le" (suivi d'un rire gras)

Et là que répondre, que dire? On ne peut pas tenir rigeur d'un tel poncif ou d'un dialogue si dérisoire quand il est arrosé de champagne le soir d'un réveillon...Juste avoir l'ultime pensée que j'aurais pu aller à la pizzeria en bas de chez moi avec la soirée réveillon à 50€, soirée dansante incluse. A 2hrs du mat', l'échange aurait été le même.

 

 

Un réveillon qui ressemble à tant d'autres mais un réveillon où j'ai eu une vraie gueule de bois, hors boissons alcoolisées. Car, quand durant un sommeil agité et ce jusqu'au lendemain matin, éveillée, je me suis revue SuperAS, pour cette nouvelle année, m'asseoir près d'une de mes estimées collègues psychologues et lui contées presque légèrement mes derniers jours au contenu personnel si dramatique, la nausée m'a envahie.

 

L'amertume dans ma bouche s'est répandue car la plus vilaine faute de goût de la soirée, c'est moi qui l'avait eue.

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 22:14

 

Ah la semaine d'avant Noël a toujours un goût de chocolat amer pour superAS...Quand j'apprécie tant le sucré, le chocolat au lait, boosté aux calories, je dois me satisfaire de cette tendre amertume qui envahit mon quotidien...

 

Reviennent toujours les fatidiques questions: noël c'est sensé être chouette, synonyme de fête, sapin, guirlandes, humeur festive mais comment appréhender cette période pour ceux où elle est synonyme souvent d'isolement, de pauvreté? alors sapin or not sapin dans le service? goûter de noël or not goûter? Quelle attitude serait la plus bienveillante, respecterait le mieux ces fragilités qui ressurgissent durant ces festivités?

 

Chez superAs et consoeurs, on a pas trop réfléchi, on a fait la totale: sapins décorés, guirlandes aux murs et papa noël qui remue  du popotin en chantant d'une voix métallique. "Jingle bell"..Y'en a partout, du sol au plafond, même au sous-sol  et à la salle de restauration du personnel...Du sucre partout, glacé, sirupeux, quand la réalité bizarrement a un goût trop amer....

 

C'est le milieu de semaine...deux jours avant noël et entre deux jours furieusement acides, hier et demain (pour ceux qui ne suivent pas le calendrier de l'aven), une montagne de sucre glace s'est abattu sur moi: le goûter de noël et son animation  tendance; le quizz musical!

 

Avant l'indigestion sucrée, un peu, même beaucoup, d'amertume...

Accompagner en taxi (et non en R5 comme Véro dans Pause café)  une Jocaste et son fils Oedipe vers un lieu de vie pour elle et son bébé. Constater que le coffre de la berline n'est pas assez profond pour accueillir de multiples sacs. Se rendre compte au bout de 150 mètres que cette après-midi va être un drame, entre un bébé qui hurle, lui toujours si calme et notre Jocaste, version Elie Kakou/ Mme Sarfati, corpulence et fichu à fleurs inclus muette, le regard dure, incapable de parler à son enfant. Devoir faire arrêter le taxi à 1,5KM du départ pour prendre la place de Jocaste et expliquer ce départ à ce bébé...Voir cet enfant s'endormir contre vous, parce que le chauffeur vous le propose gentiment, et se demander ce qui va advenir de lui avec une mère tragédienne de nature...Avoir la larme à l'oeil...Et encaisser deux heures durant la colère des Dieux de mère Matronne sur ce lieu de vie, pas assez propre, sans télé dans les chambres, ménage collectif, faire les courses...

Sa colère contre la vie et lui demander de rire d'elle parce que de Racine j'ai tout étudié et j'ai pas envie de me farcir un inédit à titre posthume...

Entendre les portes claquées, cette mère hurlée et se dire doucement qu'un taxi pour le retour, je dois encore en trouver un...Dire au revoir à cette femme qui a la tempête en elle, à ce bébé l'intelligence dans son regard et qu'au terme de 3hrs de crise, ca devrait pas trop mal se passer...

Rentrer dans le même taxi, qui est revenu, m'attendre sur ce secteur paumé et qui me demande d'une voix douce en provenance de Kabylie: "Elle est un petit peu malade cette femme, non?" Constater qu'à l'aller, les bagages il ne les a même pas fait payer parce qu'il est gentil celui-là, c'est évident. Et se voir, dans le rétroviseur, la mine défaite, enfoncée dans la banquette et se dire que ce boulot, ce n'est pas un boulot: c'est une guerre...

 

 La montagne de sucrerie s'est abattu sur moi lorsque la superAs que je suis a dû se la donner dans l'ambiance sympa du goûter de noël: Un chapeau de père Noël qui clignote sur la tête, une mère défoncée à ma gauche, une autre qui délire à plein tube  à ma droite, la direction juste derrière qui vient goûter l'ambiance en découvrant le Hip Hop que moi-même je ne connais pas...Le Blain test musique qui creuse encore le fossé des générations que les noms sont tellement compliqués que l'anglais je ne suis même pas sûr d'avoir su le parler un jour.

L'incongruité de la situation: de superAs qui parle d'hébergement d'urgence et de placement d'enfant et voit toutes ses femmes avec leurs enfants se disputer mon arbitrage pour un point mal attribué, dans une anarchie générale. Les collègues y vont, certaines dépassées, d'autres jouent le jeu, comme dans un mauvais jeu télé avec 5000E à la clé...

Je suis l'arbitre d'un jeu éphémère et j'y vois presque une douce métaphore d'un travail quotidien d'arbitrage entre le dedans de ce lieu et la vie du dehors qui les attend...

Y'a du buffet sucré, des cadeaux distribués, de la musique de noël, la totale...On n'a pas lésiné sur les moyens quoique la déco sera certainement la même l'année prochaine....le drame c'est de filer dans son bureau, sitôt un verre de coca tiède avalée, pour finir d'éternels rapports sociaux à envoyer en 30 exemplaires....et préparer l'assaisonnement pour la journée du lendemain: audience chez le juge des enfants pour éviter un placement qui ne DEVRAIT pas être....

 

Veille de la veille de Noël: est-ce un jour pour se rendre au Tribunal pour Enfants? Et bien, oui et en transport en commun avec un tel silence de plomb que l'amertume n'est plus celle du chocolat mais du citron. Soudainement, je me sens flic, emmerdeuse, gênante et d'autant plus flic quand il faut jetter une pipe à crack  "égarée" dans le sac de la maman avant de passer le portique de sécurité, dans une zone qui ne compte pas de poubelles, plan vigipirate bien sûr. Ce sera dans une sanisette, tant pis pour le prochain qui aura une furieuse envie...

Heureusement, c'est Mamie Nova en personne qui nous reçoit, version vanillé sucré et une texture d'oeufs à la neige sur la tête...Les relans de citron s'évaporent et là, je glisse sur du glaçage chocolat......Bingo! Plus de placement à l'horizon parce que ce n'est pas parce qu'on est toxico qu'on ne peut pas élever un enfant.... Enfin, cela n'explique pas tout.

 

Je passe de la glissade chocolatée à celle alcoolisée lorsqu'enfin je me fais "mon" repas de Noël avec "mes" collègues, dans une ambiance victorieuse pour fêter cette semaine sucrée/salée et me pencher enfin sur "mes" fêtes de Noël....

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20 décembre 2010 1 20 /12 /décembre /2010 23:05

Samedi soir, SuperAs est de sortie, exceptionnellement, pour un anniversaire impossible à rater...Fêter 30 ans au terme de 20 ans d'amitié féminine, il aurait été mesquin de se faire porter pâle... 

Mais superAS à trop se pencher sur la vie des autres est fatiguée d'avance: des conversations à devoir mener, des oreilles attentives à donner,des sujets à discuter avec une foule anonyme avec laquelle il faut se sociabiliser...

 

SuperAS décide de braver la neige et d'accepter malgré tout de se méler aux gens ordinaires. A faire le grand écart entre une petite vie bourgeoise le soir et la misère des femmes qu'elles rencontrent et de ce pays qui se délite sous ses yeux, dispositifs maltraitants,encourageants sa propre impuissance, superAs oublie peu à peu ce que peut être la vie ordinaire de trentenaires éternels.

 

Passés les périples neigeux, SuperAs entre dans un de ses innombrables appartements enfumés du samedi soir, champagne et buffet froid, où les gens se connaissent, s'embrassent, rient, s'apostrophent. SuperAs s'étonne que son amie de toujours, 30 ans ce soir, s'étonne de sa présence et reconnait en elle-même que"Là, il commence à y avoir un sérieux problème".

 

SuperAs croise un regard familier mais peine à mettre un nom dessus: la dernière rencontre, c'était pour les 25 ans et l'avant dernière certainement pour les 18 ans, lycée ensemble ect, ect...La fille est jolie, un visage des années 20, un semblant énigmatique, la classe, une tête de classe pour finir, le bac à 17 lorsque je peinais à le passer à 20 pour entrer en psycho.

La fille est contente de revoir celle qui n'est pas superAs, la fille "sans profession, l'anonyme professionnelle" car à cet instant, superAs n'a pas encore d'étiquette sociale à ses yeux. Forcément, les banalités d'usage, non sans intérêt, sont échangées: "Et tu bosses? qu'est ce que tu fais?"

Et parce que depuis très longtemps, superAs n'était pas sortie by night,  SuperAS a oublié le vieux précepte, celui d'éluder la question pour mieux renvoyer la question et éviter d'avouer la fatidique vérité, un peu honteuse, de son boulot d'assistante sociale et les éternels réactions de voix un peu mièvres "ca doit être vachement difficile mais super intéressant".

 

SuperAs, donc ,s'est fait piégée, par son inexpérience nocturne de ces dernières années et un égo qui demandait certainement à être écouté. SuperAs se lance donc dans une description un peu vague, incertaine, de ce qu'est son travail, description alimentée par un doux regard de biche un tant soit peu fasciné. Et ca pose des questions et SuperAs complète, cherche des mots pour donner des précisions mais superAs patine dans ses explications, s'entend, et sent un effondrement intérieur s'amorcer...car comment expliquer un travail pour lequel moi-même je n'y comprends pas grand chose?

Et la réaction ne se fait plus attendre...un silence pudique, un regard de biche qui s'attriste alors vite, je renvoie la balle:

-"Et toi? Toi qui cartonnait avec les compliments tous les trimestres, t'en es où?

Et là, moment poétique presque suspendu mais haîssaïble car après un silence réservé, la réponse se fait timide presque honteuse, triste:

"-Bah moi, ce n'est pas aussi passionnant que toi...Je travaille dans une PME qui "design" les packagings pour des produits cosmétiques.Je suis commerciale, quoi."

SuperAs se sent mal et comme toute AS qui se respecte, super ou détestable, entend une certaine détresse et relativise.

-Bah non, tu sais c'est difficile mais j'ai d'autres sources de contentement autour. Ce n'est pas plus passionnant qu'un autre boulot, il faut de tout pour faire un monde"

Elle acquiesce mais nous percevons elle et moi toute l'absurdité de cette banalité...Et là, pour ne pas finir sur un échec, je m'intéresse au parcours de cette fille si brillante: sup'de co, voyages en Asie ect, ect...Ses grands yeux doux et sa voix triste reconnaissent son ennui, l'envie de voyager, de vivre a Shangai comme un appel d'air après une liaison de 8 années: putain, 8 ans à 30 ans! J'ai les boules....

Et je regarde autour de moi, réalisant que je suis entourée d'expats de l'humanitaire,  rigolards, détachés, sans attaches, libres trentenaires apparemment...Simples apparences.

 

Et là, dans cette cuisine enfumée, champagne tiède et mégots froids, je redeviens une fille ordinaire, réalisant que le monde, au delà de toute chose, m'attend aussi, si je le souhaites et ne se résumes pas au malheur d'autrui...

 

Je réalise, comme tout à chacun, que mes idéaux féminins lycéens ont vieilli au même rythme que moi, que l'ennui ou la déprime est aussi à l'orée de ma porte, blasée par trop d'habitudes....et que putain, 30 ans, je les ai seulement!!

 

Je réalise qu'à trop me plonger dans une réalité sociale indécente, j'en oublie la vie sociale ordinaire, j'en oublie ma vie, simplement, de celle qui n'est pas superAS.

 

Ma existence se déshabille quotidiennement par la vie extraordinaires des autres...

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13 décembre 2010 1 13 /12 /décembre /2010 21:14

Questions sans réponses... 

  • Entre un bon et un mauvais médecin? T'es capable de savoir si le chirurgien qui va t'opérer n'a pas picoler avant ou qu'il n'est pas en pleine dépression? 
  • Cette psychologue est-elle elle-même au clair avec ses propres névroses?
  • Cet avocat connait il mieux les procédures, le circuit préfecture pour les sans-papiers que son confrère?
  • Cette assistante sociale est elle plus engagée que sa collègue exerçant dans une autre ville,par la détresse pour faire preuve de pugnacité, ne pas être fataliste, essayer de défendre le quasi indéfendable et faire peut-être bouger les choses?
  • Cet agent administratif va t elle mettre ton dossier de demande d'allocations chomage dans la bonne banette, va t elle contacter le service compétent parce que urgence il y a?
  • Cette éducatrice aura t elle davantage d'expérience, de recul et d'analyse pertinente  que sa collègue, pour savoir accompagner le placement d'un enfant auprès d'une mère, non sans douleur mais avec davanatge de sérénité?

Sortons du cadre administratif des dispositifs sociaux offrant sur le papier "L'égalité des chances" et regardons la triste réalité:

Usager,quand tu n'as pas besoin de l'un ou l'autre de ses professions (à moins d'être bien conseillé et d'avoir des sous), tu es dépendant de la personne que l'on t'impose et ce, avec toutes ses compétences et ses imperfections d'être humain. Alors oui, le professionnel est formé, diplômé, détenteur à tes yeux d'un "savoir" mais dans le fond que sais-tu de cette personne? car bien souvent, après 5 ou 10 ans de pratique, comme toi, ancien étudiant ou lycéen, elle a oublié: la théorie et son idéal professionnel.

Alors, professionnel, tu as deux choix: soit d'être suffisamment curieux sur le monde et les gens pour envisager ton boulot comme une véritable aventure permanente, soit te cloisonner dans des certitudes et une mollesse d'esprit car tout ça donne trop le vertige....

Accepter la triste évidence c'est dire que l'égalité n'existe pas car elle s'asseoit sur une évidence: les gens qui la font au quotidien ne sont pas égaux eux-mêmes dans leur humanité et leur compétence et la relation usager/professionnel d'autant moins.

 

Alors, professionnel, que te restes il à faire pour survivre? Rire ou pleurer?

Pleurer certainement pas, en rire un peu et faire avec, certainement....

 

 

Mais, usager, un peu d'indulgence, tout de même....Ta colère d'usager a raison d'être parce que je suis moi-même en colère face à mon impuissance, face à cette inégalité et cette saturation à la souffrance qui nous entoure et qui jamais ne changera, au delà de toute couleur politique.

Ta souffrance te révolte: comment la contenir car elle s'inscrit souvent dans une logique de survie ou d'impuissance? Que te répondre? Je connais les paroles consolatrices qui font du bien mais qui te feront davantage de mal lorsque tu t'apercevras que quelque part, j'ai menti...et que ce n'est que moi que j'ai cherché à préserver.

Ta colère te fait du bien autant qu'elle peut me faire du bien lorsqu'elle est légitime, même si parfois, je ne peux que te donner raison et te dire "oublions les dispositifs sociaux, faisons preuve de créativité ensemble car malheureusement vous ne pouvez compter que sur vous-même."

Etre honnête, franche est la seule chose que parfois je peux te donner car c'est souvent une des rares armes qui me reste et donne du sens à mon levé matinal.

N'oublies pas que je ne t'oublies pas, que je tente souvent, quelquefois je fais bien , d'autres fois mal, il m'arrive d'oublier mais toujours je te le dis quand tu peux accepter d'entendre mes propres limites.

 

Dire à une maman: " Voyons nous dans deux jours, cela me permettra de ne pas vous oublier, de faire ces 20 demandes d'hébergement qui ne sont pas urgentes mais qu'il est urgent d'anticiper. Mais les impromptus quotidiens m'empêchent de donner le temps nécessaire à votre situation". En résumé, vous comptez mais d'autres, usagers ou démarches, comptent davantage malgré moi.Je pense à vous mais aidez moi à ne pas vous oublier..."

 

Le malheur a de la concurrence face à une souffrance aigüe...

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 23:07

Notre Iphigénie à nous, a accouché comme bien des femmes, normalement et sans heurts. Son ventre rond s'est relaché et son visage doux, mélancolique s'est éteint. Fermée, sa tristesse n'a pas laissé place à cette tendresse maternelle qui devrait l'envahir, au terme des premiers jours de vie de son enfant.

 

Sa tristesse n'a pas disparue mais l'emmène loin de tout et de son enfant. Cachée sous ses couvertures, elle ignore le jour qui se lève, ignore les pleurs de sa fille qui l'appelle. Elle ne se lève plus, ne se lave plus, ne veut plus rien entendre ni voir. Elle s'oublie, oublie son enfant, pense à lui, à ce besoin qui l'enferme, à cette lettre qu'elle veut lui écrire pour l'issue de cette grossesse, pour l'informer mais comment lui dire?

 

En mère qui s'abandonne, son bébé s'abandonne auprès de sa mère: elle apprend à se taire, à éviter le regard, à rester allongée près de sa maman sans bouger. Elle apprend, comme sa maman, à se cacher et se faire oublier.

Iphigénie a coupé le contact: elle ne réagit plus ou seulement de colère quand nous la réveillons trop fortement, quand nous la bousculons dans son échappée mélancolique.

 

Iphigénie est partie loin devant nous: nous tentons de la rattraper, pour les préserver elles deux, ensemble.

 

Plusieurs semaines s'écoulent. Auprès de moi, parmi d'autres, elle cherche le conseil: écrire or not écrire? Photo or not photo? Et parmi d'autres, ma réponse ne se fera pas, hormis celle de ses droits sans cesse que je rabâche: ses droits de victime, du juge qui lui est délégué, des dispositifs d'hébergement existants. Qu'en fait elle alors? Rien, elle entend, questionne mais sans cesse revient la même question: Où en est il? L'informer de la naissance, c'est revenir vers lui et confirmer, quelque part, ses sentiments qui perdurent malgré tout. Qu'importe les évènements passés, c'est son père.

Et les semaines qui passent nous effraient de la conclusion à venir, face à la souffrance de cette enfant auprès de cette maman, si peu à l'écoute des besoins de son enfant. Sans rejet, elle l'oublie seulement, verbalisant sans authenticité son attachement. Le bien-être de ce bébé est il avec sa mère? Nous l'alertons à plusieurs reprises, en douceur.

 

Au terme de quelques entretiens passés, d'une confiance accordée, une nouvelle fois elle se présente face à moi, le regard baissé, apathique.

Ma voix n'aura certainement jamais été aussi douce et confidentielle que ce jour-là. Je l'invite à s'exprimer, à mettre des mots sur ce silence qu'elle me présente, à ce rendez vous qu'elle honore mais qu'elle occupe de sa mélancolie.

Il est alors temps de dire la triste possibilité, celle d'être séparée de son bébé. Elle va mal, elles vont mal toutes les deux mais nous ne pouvons pas accepter qu'elle emmène son enfant si loin de cette vie qui l'attend. Elle ne comprend pas: tout va bien , elle est seulement triste mais elle aime son bébé et s'en occupe bien. Que répondre? Si ce n'est qu'elle sait que ce n'est pas vrai...Le  maudit mot  'placement" n'est pas dit mais il occupe l'espace de mon étroit bureau, il palpite dans ces longs silences et son regard. Elle a compris, c'est suffisant. Son bébé a bientôt deux mois, la sortie doit être envisagé et son réveil se précipiter...Nous nous reverrons à mon retour de vacances.

 

Retour de vacances: Iphigénie est en phase d'éveil. Son regard brille davantage, son visage s'est ouvert...Elle est en réaction: elle a eu peur;de mes mots, de ceux des autres, de la réalité à venir.

Et après me direz vous?L'éveil est il fugace ou annonce t il un changement à venir?

 

La tâche est rude, dense et bouscule ma pratique et mes connaissances juridiques. J'avance sur un terrain miné mais le risque est nécessaire: quelque chose de nouveau s'anime en elle et nous sommes curieux qu'elle nous dévoile un autre pan de son identité pour mieux préserver, toujours et encore, le lien de ce bébé avec sa maman.

 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 23:02

Le visage d'une noire madone: les yeux tristes, le visage penché, apathique, le regard égaré. Dieu seul, mais il n'existe pas, de savoir à quoi elle songe, son beau ventre africain qui pointe au large, à un mètre de distance de la courbe de ses hanches...

 

Iphigénie est enceinte, porteuse de l'enfant de son bourreau, de l'homme qu'elle aime, de l'homme qui est en prison, par sa faute mais grace à elle. Elle est hospitalisée, baignant dans un profond coma psychique, plongée dans une apathie réelle, fuyant les représailles de la famille de son amour, s'égarant dans son ambivalence.

Elle a porté plainte. Il a pris cher: 4 ans, multi récidiviste qu'il était. Elle a fui son appartement, son quartier, elle a tout abandonné mais qu'a t elle vraiment laissé derrière elle, excepté cet homme? Il nous tardera d'avoir une réponse et nous l'attendons toujours.

Elle n'est pas mutique: sa voix est douce, à peine percéptible, enfermée dans sa chambre, se risquant seulement sur le trottoir plusieurs fois par jour pour fumer ses cigarettes. Quel sens au sevrage tabagique chez la femme enceinte dans ces conditions?? Y avons nous seulement songé, toutes soucieuses de mettre déjà du sens à cette violence vécue?

 

Elle se sent bien, à l'abri, dans un coton. Elle se sent bien, reviendra ici à l'arrivée de cet enfant non prévu, victime aussi de ses coups, de ses menaces, de la perversion, à 3 mois de grossesse.

Elle se sent bien, mon oeil!  Prostrée sous ses couvertures, élan vital ralenti, mots à peine audibles, elle est une ombre dans les couloirs, elle glisse, c'est à peine si nous l'entendons...

 

Officiellement, elle n'a plus d'appartement, elle est à la merci des services sociaux et de leur bon vouloir mais elle ne s'inquiète pas: son élan vital est ralenti, électro-encéphalogramme plat. Elle espère, après moi, que le nécessaire sera fait, elle attend tout simplement.

 

Mais qu'attend elle? Un signe de lui, bien entendu, lui qui lui a tant écrit, menaçant et cajoleur, mais que fait il? L'a t il oublié? Lui en veut il? Mais non il est dangereux, "il est fou" dit elle, "sans limites" mais quand même, cela n'est il pas allé trop loin, méritait- il la prison, sa famille à elle a t elle bien fait de la protéger?

Elle veut se protéger, protéger l'enfant à naître (c'est une fille) dit elle et connaitre l'évolution de sa peine. En réalité, elle veut savoir ce qu'il devient, avoir des nouvelles de lui par procuration car son silence du fond de sa cellule lui est insupportable, rendant ainsi plus supportable leur histoire.

Mais toute pleine de son ambivalence, elle ne peut pas se saisir de ses droits: faire appel au juge délégué aux victimes par la fameuse loi DATI. Elle ne peut pas, tiraillée par l'évidence, la réalité, les faits et cet élan émotionnel qui la hape vers lui. Elle imagine lui écrire, l'informer après la naissance que c'est une fille.

 

Elle imagine tant de choses mais le verbalisant si peu qu'elle en est touchante et désarmante.

Elle attend la naissance à venir, elle agira après, dit elle...Agira t elle? Que peut elle vraiment? Qu'allons nous bien pouvoir découvrir quand le séisme de la naissance va la recouvrir entièrement?

 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 22:04

Cher Augustin,

 

 

Cela fait plusieurs jours que je pense à toi, inlassablement...

Les pieds mouillés, dans ma banlieue chic, je me faufile entre les flaques et songe comme beaucoup d'autres à ce qui adviendra ce soir des exclus, des moins exclus qui rentrant d'un travail mal payé, ne connaissent pas leur point d'arrivée.

Tu les aimes, toi, les exclus, tu leur a fait une grande déclaration d'amour il y a maintenant 4 ans et tu continues à leur être fidèle.

Je ne suis pas jalouse car je les aime aussi, tu sais mais toi, tu as gagné leurs coeurs, parmi ceux que tu as permis de reloger, par la force de ton combat. Je ne prétends pas vouloir rivaliser avec toi.

 

En 2007, je me souviens: une femme toxicomane avec son conjoint de l'époque, violent et sadique, et je souhaitais utiliser l'outil de l'hébergement pour la séparer de lui. Elle en avait envie, j'avais trouvé une solution, pour elle seule, et puis tu es arrivé et là, ils ont décidé, tous les deux, d'aller crécher sous une tente, avec toi, parce que déjà l'Etat avait réquisitionné les hébergements existants, laissant alors à la traîne ceux qui attendaient depuis plusieurs semaines. Elle est restée avec lui, rien de très étonnant en fait, tu n'y es pas pour grand chose, ne culpabilises pas, je t'en prie. 

J'en ai un autre, toxicomane stabilisé et malade, qui n'a pas obtenu la chambre d'hôtel qui lui était garantie, après une procédure d'admission, parce qu'alors les "Don Quichotte" avaient alors le privilège de la priorité. Là, tu peux culpabiliser, il me semble....

 

Je t'ai découvert en 2007, je t'ai régulièrement entendu en 2008, 2009 et aujourd'hui en 2010 faire tes déclarations d'amour au nom des exclus et j'ai envie de te répondre, non en leur nom, mais au mien seulement.

 

Ah Augustin, injustement nommé successeur à l'Abbé Pierre...réunissant alors autour de toi, en 2007, plus d'une quarantaine d' associations pour un Droit au Logement pour Tous. Tu les as tous scotché avec ton idée novatrice, tu les a pris par surprise: on pourra au moins te reconnaître cela.

 

Et tout le monde t'a suivi, personne ne s'est levé contre ce mouvement qui prétendait bousculer le système et qui à vouloir le bousculer, la verrouiller de l'intérieur. Personne n'a vu venir l'évidence: créer un Droit, c'était avant toute chose, faire intervenir l'Etat sur tous les dispositifs existants, légiférer universellement l'accès à l'abri c'était emboliser encore davantage un système qui peinait à avancer, c'était nier les différences existantes dans l'exclusion. (personnes malades, familles expulsées, familles migrantes, grands exclus...). Moi, simple assistante sociale, j'y ai pensé à l'époque: étais-je toute seule?

 

En 2007, on ne pouvait pas te critiquer, Augustin... Comme si la question de l'exclusion pouvait se satisfaire de la médiocrité...en pleine période électorale, tu t'es pas méfié que c'est la boîte de Pandore que t'ouvrais.

Tu continues et continues à prendre la parole chaque hiver, à défendre des positions en oubliant cruellement ce à quoi tu as participé: la mise à mort d'un système public et associatif, compétent et spécialisé mais en manque cruel de moyens.

 

Car depuis 2007, que s'est il passé? Le Droit au logement opposable, qui ne demeure qu'un droit, mais qui, parce que c'est un droit, a ouvert les vannes de l'ingérence. La question du logement et de l'hébergement est devenu une mission d'Etat et à ce titre, l'Etat intervient dans toutes les questions qui s'en rapportent. Concrètement, certains départements se sont désengagés de cette question (exit les dispositifs départementaux qui assuraient "un peu"), la demande départementale de logement social disparait et devient régionale, l'accès aux structures d'hébergement est désormais centralisé par une instance départementale mais nationalisée et purement administrative (le SIAO) qui "dispatche" les demandes et ce sur toutes les structures associatives, quel que soit la spécificité et l'historique de leur travail. Ils ont pour obligation de jouer le jeu: normal, leur payeur c'est l'Etat et avec la régionalisation, on est baisé.

La proximité n'existe plus, le travail de partenariat est gravement mis en danger. Mais à quoi pensais tu en 2007? Tu t'es pris pour Coluche ou quoi, t'as cru au Grand soir??!...Toi et tes comparses vous nous avez enterrés, nous travailleurs sociaux et eux les exclus, vivants. On devrait s'en mordre les doigts,nous professionnels du social, d'avoir laissé faire, d'avoir continuer à oeuvrer en silence sur nos situations comme si la vie en dépendait...

 

Concrètement que se que t'as foutu?

Avant 2007, tu attendais deux heures pour obtenir une possible place d'hébergement avec le samu social. Maintenant, c'est 4h pour une personne seule et encore si t'arrives à les avoir...Pourquoi? Parce que tu disais que c'était dégeulasse et inhumain de remettre les gens au bout d'une ou deux nuits. Quelle a été ta solution? Les places d'urgence sont devenues des places de stabilisation, c'est à dire "J'y suis, j'y reste": tant mieux pour ceux qui y étaient déjà et les nouveaux? Ils vont où eux? Quelqu'un était il assez naif pour penser que l'Etat allait doubler le nombre de places d'urgence ou de stablisation? On s'est juste contenté de transformer la soupe, sans y apporter d'ingrédients supplémentaires....Je me souviens: tu étais contents de tout ça, tu attendais les résultats des engagements pris, promettant d'être vigilant, tout de même: Ah ouais?

 

Et les familles? Les familles, n'y pensont même pas: a titre personnel, j'ai déjà passé 6 hrs au téléphone( au mois de septembre) avec deux lignes séparées sur haut-parleur avec en son dolby surround "Vous êtes bien au 115, ne quittez pas, nous allons donner suite à votre appel..." ca raccroche, tu rappelles et à 17H30, tu laisses tomber parce que de toute façon, passé 10H, tu sais que t'aurais rien...D'ailleurs qu'est ce qui m'a pris de continuer: l'éthique, bien sûr, si chèrement enseignée...Putain, 3 ans d'étude: pour ça!!!!

 

T'as une réponse à me faire pour la mère avec son gamin qui va crécher dehors? Tu les accueilles chez toi?Parce que moi, non...3 ans d'études pour appréhender la distance suffisante...

 

Ton militantisme à la con a signé notre mise à mort, à vouloir faire la révolution, tu les a sacrifiés: les malades mentaux, les femmes avec enfants, les toxicomanes, les travailleurs pauvres, les sans-papiers...et un travail de long haleine qui s'intitule le "partenariat inter-institutionnel" et qui résidait dans un échange de pratique professionnelle éclairée.

Alors quand je sens la neige sous mes pieds et que j'entends ta voix de clown comme si la fin du monde était proche, je suis furieuse, je ne peux pas faire dans la demi-mesure...L'égalité des chances n'existera jamais, c'est une douce utopie alors face à la misère, c'est un fantasme que seuls les igonorants peuvent avoir.

 

Alors s'il te plait, au terme de 4 ans de mon silence furieux, Augustin, tais toi et retournes au cinéma...Je sais pas si tu seras meilleur mais tes dégats ne seront que fictifs...

 

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12 décembre 2010 7 12 /12 /décembre /2010 21:40

Le vent s'affole dans l'après midi, l'alarme incendie sonne sans dicontinuer, une lumière de fin du jour et l'établissement est en alerte pour une Phèdre vieillissante, enfermée avec son bébé, sur l'autel du sacrifice...

C'est la routine...les mécaniques professionnelles reprennent le dessus, les mots tombent, crûs: "parquet, signalement, incapacité, pathologie, danger" enrobés dans une douce litanie sucrée que nous demande sans cesse le système.

 

IL FAUT ELABORER, vous dis je...Sans cesse, sans cesse mais l'imagination manque alors que faire? toujours les mêmes expressions, les mêmes nuances en pagaille "il semblerait que....Elle a pu dire....Il est nécessaire que ce travail puisse être continuer....capacités et préoccupation maternelle, réelle autonomie, s'interroger sur, prise en charge difficile, toutefois, relatif....Toujours, toujours les mêmes mots, les poncifs habituels indispensables à la bonne continuité de toute cette machine..

Ah ces fameux rapports sociaux: une nouvelle forme de roman photo qui excite ceux qui les reçoit, objet de tant de souffrance pour celui qui les écrit. La biographie express avec date de naissance, histoire de vie, besoins nécessaires, possibilité pour l'avenir.

Le rapport social c'est l'arme de l'assistant social, son catalogue de vente par correspondance, son stand à camelot avec démonstration tous les 1/4 d'heure s'il vous plait!

 

-les droits ce sont les droits comme le chiffre c'est le chiffre: qu'importe de croire au produit, vendez, vendez, vendez car qu'allez vous faire de toute cette misère qui entre par votre porte?

-Une démonstration tous les 1/4 d'heure dans la journée, pour un produit vendu (et bradé s'il vous plait pour un lit avec habitants sous les draps)

 

Exemple: trouver une piaule pourrie à 600€ par mois pour un toxico tout pourri que personne n'en veut et faire du charme au marchand de sommeil qui vous met la main sur la cuisse et sourit de ses dents noires, en vous disant ' Oui, Mme....on va pouvoir s'entendre, je crois". Dégoter la chambre avec un sourire polie et se dire que La Jeannot et son air angelot a menti à une gamine de 10 ans...

Le rapport social, c'est 1,2 voire 3 heures de boulot et 1h de mise en enveloppe. Quelques heures de travail sans résultat...

Ah non, ne parlez pas de résultat! Pas de politique du chiffre ou vous allez tuer le travail social! Ah bon? vous préférez travailler pour rien, vous?

 

Le rapport social, c'est un appel d'offre, digne des meilleurs commerciaux: un peu de thune pour aider la fin du mois d'une famille expulsée, une place d'hébergement à grapiller? Tout le monde affûte ses meilleurs arguments, liste le budget si intime d'une famille humiliée, défend l'évolution d'insertion si positive de l'usager à caser...Et la concurrence est rude...vos adversaires en face? Connais pas, juste une estimation du nombre d'adversaires: quelques centaines, quelques milliers même...La misère concurrence la misère.Et le rapport social, si chêrement travaillé au nom de l'éthique, circule de main en main, fait de blagues douteuses (que celui qui ne l'a jamais fait, lèves la main que je le bénisse) et de commentaires assassins...

 

Le rapport social ou l'ultime façon de tirer à vue: partenaire professionnel et plus souvent encore, l'usager....

Ne pas s'y méprendre mais le travail social est une nouvelle guerre moderne, longue et silencieuse, où chacun se jauge, s'épie,de l'usager à l'AS, de l'AS aux partenaires, des associations nationales aux parlementaires...

 

Et l'éthique me direz vous? Et bien l'éthique je me la balade sous le bras comme un beau sac que je viens de me payer...Je la démontre, je frime avec, je l'assortie en fonction des évènements, de l'humeur et des contrariétés du jour...Je défends mon choix parce que celle-ci est trop criarde mais qui a dit qu'il fallait pêcher par excès de discrétion? Pas la parisienne d'ELLE, en tout cas...Je me la balade parce que le système me balade alors j'adapte sans cesse...sans trop me contrarier, sinon je ne reviens pas bosser.

 

Le manque de résultat tue l'envie, anhile le désir d'agir mais quelquefois tout de même, avec ce monde qui bascule à n'en plus finir, quelquefois la grace vous touche et vous éprouve, à vous faire lever les bras au ciel devant les collègues car la victoire est là...Du moins, à la mi-temps, vous menez 1-0...les qualifications pour le championnat vous attendent mais vous avez l'espoir d'une éventuelle victoire.

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